“Il s’agit d’une guerre que mènent les Etats-Unis et ses alliés contre l’axe Moscou-Téhéran sur fond d’intérêts géopolitiques. L’Etat islamique, né de la fustion d’organisations créés et instrumentalisées par les antagonistes, y devient de plus en plus incontrolable”

 

Mots clés : Irak, Syrie, Iran, Russie, USA, Israel, Arabie Saoudite, Qatar, Turquie, Liban, Palestine, Kurdistan, Etat Islamique, pétrole.

 

Par Lyas Hallas*

 

Un mouvement de résistance s’est constitué dans la foulée de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis d’Amérique (USA) en 2003 afin de contrarier leur présence et leurs plans pour l’Irak. Ce mouvement que dirigent d’anciens militaires irakiens utilisent les terroristes islamistes pour faire diversion mais, ne contrôle pas totalement la situation. Profitant du chaos, plusieurs groupes sunnites se sont également constitués. Et ont prêté allégeance d’abord à al-Qaida de Ben Laden et ensuite se sont fondus dans l’organisation de l’Etat Islamique. Cette organisation sous influence de la CIA, le Qatar et l’Arabie saoudite opère sur deux fronts : discréditer la résistance irakienne et museler l’Iran qui se prête à un jeu d’influence et tire les ficelles en Syrie, au Liban, et en Irak, en soutenant les chiites. Une trentaine de groupes terroristes chiites sont actifs sur ce terrain. Et, la plupart d’entre eux ne sont pas encore classés comme organisation terroristes par les Etats-Unis.

 

L’Arabie saoudite veille à la stabilité des cours de pétrole

 

L’économie mondiale n’est pas si sensible à cette joute géopolitique, au moins pour le moment, pour deux raisons : premièrement, l’Etat islamique ne dispose que de gisements mineurs qu’il exploite de manière artisanale, il commercialise des quantités qui ne risquent pas d’affecter les cours du pétrole. Deuxièmement, l’Arabie saoudite, alliée des USA, met sur le marché des quantités qui compensent les perturbations, si perturbations il y a, des approvisionnements provenant des installations pétrolières irakiennes. C’est ce qui explique la stabilité des prix du pétrole. L’économie mondiale ne sera affectée que si le prix du baril flambe ou plutôt s’effondre. C’est une hypothèse à écarter du moment que l’Arabie saoudite veille à la stabilité des cours. Auitte à ne pas respecter son quota de production fixé par l’OPEP. L’autre alliée des Etats-Unis  dans la région, c’est la Turquie. Les djihadistes du monde entier arrivent en Syrie et en Irak via la Turquie. De même que l’Etat Islamique bénéficie d’un œil bienveillant du gouvernement turc sur les réseaux de contrebande qui écoulent son pétrole en Turquie. Le gouvernement turc joue aussi l’autonomie et espère affaiblir les kurdes du nord de l’Irak qui se livrent à des combats sanglants pour repousser les troupes de l’Etat Islamique. Puisque, un état kurde fort au nord de l’Irak va renforcer les velléités indépendantistes du PKK en Turquie et attiser l’espoir de création du grand Kurdistan.

 

L’Iran tient le bout du fil grâce aux chiites de ses pays voisins

 

L’Iran profite du chaos pour assoir son influence sur les territoires contrôlés par les chiites en Syrie (le clan Assad est chiite), au liban (Hezbollah) et en Irak. De même que la Russie, qui a une base militaire à Tartous (Syrie), soutient l’Iran et Assad pour garder un pied en Méditerannée et un œil sur les gisements d’hydrocarbures off shore qui se trouvent au long des mers territoriales syriennes, libanaises et palestiniennes. D’ailleurs, la dernière frappe préventive effectuée par Israel contre Gaza anticipe sur la constitution d’un gouvernement d’unité nationale en Palestine après la réconciliation des frères ennemis, l’autorité palestinienne et le Hamas (considéré comme organisation terroriste par les Etats-Unis). L’entrée du Hamas qui contrôle Gaza au gouvernement légitimerait l’action de ses sponsors qui se compte aussi parmi les pétroliers russes.

 

Le wahabbisme aide au recrutement de la chair à canon

 

Quant à l’idéologie islamiste, elle sert à mobiliser des mercenaires du monde entier au non du djihadisme pour servir de chair à canon dans cette guerre que mènent les Etats-Unis au Moyen-Orient contre l’axe Moscou-Téhéran. La région attire les sunnistes radicaux qui croient mener une guerre sainte contre les non musulmans (occidentaux) et les chittes qu’ils qualifient d’« apostats » et le terrain est propice pour recruter des djihadistes sur place. Le sectarisme des responsables irakien chiites sous influence de l’Iran et qui se trouvent à différents niveau de la héirarchie de l’Etat post Saddam, accentue les clivages chiites/sunnites. Le fondamentalisme wahabbite bénéficie d’une par une propagande aux moyens lourds, il est véhiculé par des médias de la péninsule arabique et gagne les esprits un peu partout dans le monde musulman. L’Etat islamique est-il entrain de devenir un monstre incontrôlable ? Ce golem né de la fusion de plusieurs organisations terroristes ayant des maîtres antagonistes et infiltrées de partout menace-t-il à ce point la sécurité mondiale ? Les frappes aériennes dirigées contre ses positions en Irak, et si elles ne l’ont pas détruit jusqu’à maintenant, elles expriment surtout cette crainte…

 

Chronologie

 

Avril 2003 : Invasion de l’Irak.

2004 : Naissance de l’organisation « al-Tawhid wa el-Jihad fi Biled Rafidayn » d’Abou Moussab al-Zarqaoui.

2004 : Zarqaoui prête allégeance à al-Qaida d’Oussama Ben Laden, et« al-Tawhid wa el-Jihad fi Biled al-Rafidayn » devient « Qaïdat al-Jihad fi Bilad al-Rafidayn (al-Qaida en Irak) ».

15 décembre 2005 : Constitution du « Madjlis Choura el Moudjahidine (Conseil consultatif des Moudjahidine) » qui chapeaute huit organisations terroristes dont al-Qaida en Irak.

08 juin 2006 : Elimination d’Abou Moussab al-Zarqaoui, émir d’al-Qaida en Irak, à Baakouba.

13 octobre 2006 : Création de l’« Etat islamique en Irak » pour remplacer le conseil consultatif des Moudjahidine. Abou Omar al-Baghdadi est désigné à la tête de cette nouvelel organisation.

19 avril 2010 : Elimination d’Abou Omar al-Baghdadi et Abou Ayyoub al-Masri (chef d’al-Qaida en Irak qui a succédé à Zarqaoui). Désignation d’Abou Bakr al-Baghdadi à la tête de l’Etat Islamique en Irak.

Aout 2011 : Fondation du Front al-Nosra en Syrie, comme antenne de l’organisation l’Etat Islamique en Irak et ce, sous l’égide d’al-Joulani.

09 avril 2013 : Abou Bakr al-Baghdadi  dissout l’Etat islamique en Irak et le Front al-Nosra et crée l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ou Daech selon l’acronyme locale.

08 novembre 2013 : Aymen al-Zaouahiri, chef d’al-Qaida dissout l’EIIL (Daech) en donnant injonction à la branche locale d’al-Qaida de se retirer de l’organisation.

29 juin 2014 : Abou Bakr al-Baghdadi proclame le Califat et change l’appellation Daech en l’Etat Islamique.

 

*Lyas Hallas est un journaliste profesionale de L´Algerie. Il travaille pour le sistema informative

MaghrebEmergent.